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  • Photo du rédacteurDavid R. Grenat

La Joie Chrétienne

Dernière mise à jour : 1 juil. 2021

Séminaire Saint Pierre et Saint Paul Enseignement du Père Gérard

« Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » (Ph 4, 4) exhorte saint Paul, pour rappeler aux chrétiens de Philippes qu'« ils ont leur citoyenneté dans les cieux » (Ph 3, 20) et qu'ils doivent avoir « un comportement digne de l'Évangile du Christ » (Ph 1, 27), « avec humilité... sans se préoccuper de [leurs] propres intérêts mais en pensant aussi à ceux des autres » (Ph 2, 3-4). L'Apôtre parle de joie alors qu’il est lui-même enchaîné, et tandis que les destinataires de sa lettre ont des adversaires, souffrent, soutiennent le même combat que lui. (cf. Ph 1, 28- 30) (cf. Ph 3, 2-3). Pour les chrétiens, la joie n'est donc pas le résultat d'une vie facile et sans difficultés, ou quelque chose lié à des changements de circonstances ou d’états d’âme, mais une profonde et constante attitude qui naît de la foi en Jésus Christ : « et nous, nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (1Jn 4, 16). Le message chrétien qui nous a été transmis a pour but d'entrer en communion avec Dieu « afin que notrejoie soit parfaite » (1Jn 1, 4)Dieu veut que l'homme soit heureux ; il l'a créé pour la vie éternelle, qui commence déjà sur terre par la grâce et qui atteint sa plénitude au ciel, lorsque l'homme est uni à Dieu pour toujours : « Si l’homme peut oublier ou refuser Dieu, Dieu, Lui, ne cesse d’appeler tout homme à Le chercher pour qu’il vive et trouve le bonheur ». C’est pourquoi, la transmission de l'Évangile est une invitation faite aux hommes et aux femmes à entrer dans la joie de la communion avec le Christ : La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement.

Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. En effet, les évangiles relatent de nombreuses rencontres avec le Christ qui sont sources de joie : le Baptiste a tressailli de joie dans le sein de sainte Élisabeth en percevant la présence du Verbe Incarné (cf. Lc 1, 45) ; aux bergers, il est annoncé « une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11) ; quand ils virent à nouveau l'étoile qui les avait conduits au Roi des Juifs, les Mages « se réjouirent d’une très grande joie » (Mt 2, 10) ; la joie des paralytiques, des aveugles, des lépreux et de toutes sortes de malades guéris par Jésus ; la joie de la veuve de Naïm voyant son fils ressuscité (cf. Lc 7, 14-16) ; la joie de Zachée manifestée par un banquet et par une profonde conversion (cf. Lc 19, 8) ; la joie, enfin, de Marie-Madeleine, des disciples d'Emmaüs et des Apôtres devant Jésus ressuscité. La joie est une passion produite par la rencontre avec ce que l'on aime, un sentiment ou une sensation de plaisir qui n'est pas que pure sensibilité, mais qui s'accompagne de rationalité. Saint Thomas d'Aquin explique dans le traité sur les passions de la Somme Théologique que « le mot joie ne s'emploie que pour le plaisir qui accompagne la raison ; c’est pourquoi on ne parle pas de joie chez les animaux, mais de plaisir ». La joie est le plaisir spirituel, la troisième et dernière étape du mouvement concupiscible, de posséder le bien qui auparavant a été aimé et désiré. Il peut s'agir d'une expérience de courte durée ou d'un état d'esprit prolongé actif, à tonalité émotionnelle positive, qui participe de la rationalité. C’est pourquoi, il est possible de ressentir du plaisir sans ressentir de la joie, et même de ressentir du plaisir et de la tristesse en même temps. Lorsque Thomas d'Aquin se demande si la joie est une vertu, il répond qu'elle n’est ni dans les vertus théologales, ni morales, ni intellectuelles et, ce faisant, « elle n'est pas différente de la charité, mais un certain acte et un certain effet venant d’elle ». Pour cette raison, elle est considérée comme l’un des fruits de la charité, comme le dit Saint-Paul dans l'épître aux Galates 5, 22. En effet, la joie chrétienne est la conséquence de la possession de Dieu par la foi et par la charité, elle est le fruit de l’exercice de toutes les vertus. Chez un chrétien qui vit de foi, la joie dépasse le tempérament, la santé, le bien-être, les succès professionnels et sociaux, etc., dans l’atteinte de la maturité d’une vie intérieure riche : « Ta joie ne doit pas être une joie que nous pourrions dire physiologique, d’animal bien portant, mais une joie surnaturelle qui procède de l'abandon de tout et de toi-même dans les bras aimants de Dieu, notre Père ». La joie est un des fruits de l'action de l'Esprit Saint dans les âmes, qui consiste, substantiellement, à nous identifier au Christ et à l'appeler ‘Abba’, Père : car « tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8, 14). Nous reconnaître dans la dépendance filiale de Dieu « est une source de sagesse et de liberté, de joie et de confiance ». Par conséquent, la joie du chrétien naît du fait de sesavoir fils de Dieu. C'est ce que vécut saint Thomas More lorsqu'il écrivit à sa fille Margaret depuis sa prison de la Tour de Londres : « Ma très chère fille, que jamais ton âme ne se trouble pour quoi qu'il puisse m’arriver en ce monde. Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or, tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse nous paraître, est cependant ce qu’il y a de meilleur pour nous » La passion opposée à la joie est la tristesse, causée par le fait de ne pas posséder le bien aimé. Si l'origine de la joie est l'amour –nous avons dit qu’elle était effet et acte de la charité–, l'origine de la tristesse est donc l'égoïsme. Saint Thomas dit que la tristesse « a sa source dans l'amour désordonné de soi, qui n'est pas un vice spécial, mais qui est comme la racine commune des autres vices ». Ce ne sont donc pas la douleur ou les difficultés qui s'opposent à la joie, mais plutôt la tristesse qui peut naître du manque de foi et d'espoir dans de telles situations.5

La tristesse est donc considérée comme une maladie de l'âme, qui peut provenir d'une cause physiologique (maladie ou épuisement) ou d'une cause morale : péché commis et manque de correspondance à la grâce, ce qui pourrait conduire à l’acédie ou à la tiédeur spirituelle. Le pape François met en garde contre un danger qui peut être causé par le manque de joie : « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient d’un cœur bien installé et avare, de la recherche maladive de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. ». L'un des premiers écrits chrétiens affirme que « Tout homme joyeux fait le bien, pense le bien et méprise la tristesse. Mais l’homme triste faittoujours le mal ». Comme la joie est l'effet de la charité, celui qui cherche la proximité de Dieu et répond à l'appel à la sainteté fait le bien et, par conséquent, son cœur déborde de paix et de joie : « Si nous vivons de la sorte, nous réaliserons une œuvre de paix dans le monde ; nous saurons rendre aimable aux autres le service du Seigneur, parce que « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9, 7). Le chrétien est un homme parmi d’autres dans la société ; mais de son cœur s’écoulera la joie propre à celui qui se propose d’accomplir la Volonté du Père avec l’aide constante de la grâce ».



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