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  • Photo du rédacteurDavid R. Grenat

Je vous salue C’est le premier mot de l’ange Gabriel à la Vierge Marie.

Je vous salue

C’est le premier mot de l’ange Gabriel à la Vierge Marie. Dans le grec de l’Évangile (Luc 1,28), le mot kaïré signifie littéralement « Réjouis-toi ! ». Il fait référence à de grands oracles prophétiques : « Réjouis-toi, Fille de Sion ! » (cf. Sophonie 3,14 ; Zacharie 2,14). Mais il est aussi une manière très révérencieuse de saluer les grands personnages (cf. Actes 15,23 ; 23,26). C’est par dérision que les soldats romains emploieront à l’égard du condamné Jésus cette salutation protocolaire : « salut (kaïré, ave), roi des Juifs ! » (Matthieu 27,29). Comment l’Ange peut-il employer pour cette jeune fille inconnue cachée à Nazareth, dans la plus modeste des bourgades d’Israël, une salutation réservée aux grands de ce monde ? C’est cela qui provoque la stupeur de la Vierge. Il est heureux que la traduction française, par l’usage du vouvoiement et du verbe un peu solennel « saluer », rende bien cette nuance de respect que comportent la salutation angélique et le mot latin Ave ! Ce dernier a en outre un avantage que nos anciens ont aimé mettre en valeur. Il est l’exact contraire du nom latin de Ève (Eva). L’Ave de la grâce inverse la malédiction (vae) du péché d’Ève (Eva).


Marie

C’est là qu’on est bien attrapé. Car l’Ange n’a jamais dit Je vous salue Marie. C’est la Tradition de l’Église qui a rajouté ce prénom pour que l’on comprenne bien à qui l’on s’adresse. Cela nous fait toucher du doigt un élément déterminant de notre prière. Elle est un fruit de l’Écriture et de la Tradition. Car selon l’enseignement du concile Vatican II, l’Écriture et la Tradition sont inséparables et constituent ensemble un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu (Dei Verbum n° 9-11). De fait, notre prière est un chignon de citations et d’allusions scripturaires agencé par la Tradition de l’Église. La première fois qu’apparaît dans la Bible le prénom de Marie (Myriam en hébreu) c’est au sujet de la sœur de Moïse. Aussi se pourrait-il que ce prénom soit égyptien et signifie aimée de Dieu. Si l’on ajoute qu’en français Marie est l’anagramme du verbe aimer, on comprend combien nous est doux le saint nom de Marie.


Pleine de grâce

On est bien en peine de traduire le nom grec que l’Ange donne à Marie. Gabriel dit : Je vous salue « kékaritôménè » (Luc 1,28). Cela fait d’ailleurs une jolie allitération avec le mot précédent (kaïré kékaritôménè) difficile à rendre en français. Origène (+ 253) devait reconnaître que cette formule était littéralement inouïe, jamais adressée à aucun autre et réservée à la Vierge. L’Ange salue la « pleine de grâce » comme si cette plénitude était le nom propre de Marie, la plus propre à exprimer ce qu’est profondément la Vierge. En méditant sur ces mots, l’Église découvrira peu à peu que Marie est totalement exempte de cet obstacle à la grâce qu’est essentiellement le péché. Virtuellement le dogme de l’Immaculée conception est déjà enchâssé dans ce mot biblique « comblée de grâce ».


Le fruit de vos entrailles

Cette expression étonnante est prononcée par Élisabeth lors de la Visitation. La vieille cousine ne parle pas à Marie de son enfant, mais du fruit de son ventre (Luc 1,42). Il serait très dommageable de perdre à cause de quelques ritournelles à la mode la haute densité biblique et théologique de cette formule. Le mot fruit est essentiel. Souvenons-nous du premier mot que Dieu adresse à Adam et Ève : « Fructifiez ! » (Genèse 1,28, perou). Jésus nous demande avec insistance de porter du fruit (Jean 15,8). Fructifier : telle est la consigne primordiale. Hélas ! en s’emparant du fruit défendu nos premiers parents ont conçu le péché et la mort. À l’inverse Marie, Nouvelle Ève, a fructifié par l'Esprit saint en offrant au monde le fuit béni de son sein. Contrairement à la traduction latine plus proche du grec (fructus ventris tui), le français a choisi le mot – lui aussi très biblique – d’entrailles. Dieu l’avait promis. Le fruit des entrailles de quiconque accomplirait la Loi, serait béni (Deutéronome 30,8-9). Or Marie épouse à plein cœur la Loi du Seigneur. Elle conçoit dans la foi avant de concevoir dans la chair, le fruit béni de ses entrailles. En hébreu, le mot qui désigne les entrailles maternelles (rahamim) est de même racine que le mot miséricorde. Le père de l’enfant prodigue est pris aux entrailles, pris de pitié (oserai-je dire pris aux tripes) pour son fils sur le retour (cf. Luc 15,20). On voit comme il serait dommage de se priver d’un mot si évocateur ! En outre, sous son aspect très réaliste, gynécologique pourrit-on dire, le mot entrailles ajoute une précision dogmatique essentielle. Il dit la vérité de l’Incarnation du fils de Dieu. Jésus n’a pas fait que passer par le sein de la Vierge Marie. Par l’Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie. Lex orandi, lex credendi. Les mots de la prière inculquent en nous la foi véritable. Le « Je vous Salue Marie » est ainsi une école de foi et de vie en Christ. En effet, « ce que l’intelligence de la foi a saisi concernant Marie se situe au centre le plus intime de la vérité chrétienne. »



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